Ibeth Bocangel Juin, 2023 3 min
Un splendide parcours à travers des lagunes turquoises et des zones agricoles qui préservent des pommes de terre natives.
Si le Pérou évoque souvent Machu Picchu ou les mystérieuses lignes de Nazca, d’autres trésors cachés offrent des expériences tout aussi inoubliables. Parmi eux, la communauté de Paru Paru, nichée à 4000 mètres d’altitude dans la région de Pisac (Cusco), est une véritable pépite pour les voyageurs en quête d’authenticité et de nature préservée. Ce voyage est un retour aux sources, une plongée dans la culture andine et une reconnexion avec des paysages à couper le souffle. Voici le récit détaillé de cette aventure hors du commun.
Après plusieurs mois d’incertitude et de restrictions, l’envie de retrouver les grands espaces se faisait de plus en plus forte. Le Pérou offre une multitude de destinations authentiques, mais c’est vers Paru Paru que nous avons tourné nos regards. Cette communauté, perchée au-dessus des vallées verdoyantes de Pisac, est l’incarnation même de l’hospitalité andine, un lieu où la nature et la culture fusionnent harmonieusement. Ce voyage ne promettait pas seulement des paysages majestueux, mais aussi une rencontre vivante avec les traditions ancestrales de cette région.
Le périple commence à Cusco, à environ une heure de route de Paru Paru. Sur le chemin, nous avons fait plusieurs arrêts pour découvrir les trésors du patrimoine inca, tels que Sacsayhuaman et Tambomachay. Ces arrêts offraient une mise en bouche parfaite avant de plonger dans les hauteurs andines.
Arrivés au mirador de Cuyo Chico, nous avons pris le temps d'admirer les terrasses incas qui sculptent les flancs des montagnes, rappelant la maîtrise agricole des ancêtres. L’air est frais, les cimes sont enveloppées d’une légère brume matinale, et une certaine excitation envahit le groupe. Nous savions que ce voyage serait bien plus qu’une simple randonnée.
Lorsque nous avons atteint la communauté de Paru Paru, un accueil traditionnel nous attendait. Les habitantes, vêtues de leurs habits colorés typiques, nous ont accueilli avec de l’eau chaude infusée d’eucalyptus et nous ont guidé à travers un protocole de bienvenue unique. Ici, chaque visiteur se lave les mains avec un mélange de molle et d’eucalyptus, un geste symbolique qui purifie le corps et l’esprit avant de s’engager dans cette aventure.
Le son ancestral du pututu (une conque utilisée pour les cérémonies) résonne dans l’air, marquant le début de notre immersion dans cette communauté. Les locaux nous offrent une pluie de pétales de fleurs, nous souhaitant une journée pleine de découvertes et de bonnes énergies. La simplicité et la générosité de ces gestes nous rappellent à quel point ces traditions sont ancrées dans la vie quotidienne.
Notre marche commence doucement, longeant la lagune de Quinsacocha, un miroir d’eau serein encadré par des montagnes imposantes. Le sentier serpente à travers les champs, nous menant à une altitude encore plus élevée. Ici, à plus de 4000 mètres, chaque pas semble plus lourd, mais l’effort est compensé par la splendeur des paysages. Le calme est omniprésent, seul le vent murmure à nos oreilles.
Au détour d’un sentier, nous arrivons à Yankehuaico, un véritable musée vivant de la pomme de terre. La communauté de Paru Paru conserve plus de 1400 variétés de ce tubercule sacré. Nous apprenons ici l’importance de cette plante pour les populations andines. Chaque pomme de terre est un trésor génétique, une preuve vivante de l’ingéniosité et de la connexion ancestrale des habitants avec la terre. Les champs, sillonnés par la technique millénaire de la chaquitaclla, nous impressionnent par leur organisation et leur diversité.
Après plusieurs heures de marche, nous atteignons les rives de la lagune Azulcocha, une étendue d’eau d’un bleu surréaliste qui semble flotter entre ciel et terre. C’est ici que nous faisons halte pour le déjeuner. Les habitants de Paru Paru, formés par des chefs locaux, nous préparent un repas traditionnel à base de produits locaux : des papas nativas accompagnées d’une huancaína au rocoto, une soupe de moraya (chuño blanc) et une délicieuse truite à la mantequilla. Chaque plat raconte une histoire, celle de la terre, du travail des agriculteurs et des saveurs uniques de cette région.
Ce moment de partage est aussi l’occasion d’échanger avec nos hôtes. Les habitants nous parlent de leurs traditions, des cycles agricoles et des croyances liées aux montagnes environnantes, qu’ils considèrent comme des Apus, des divinités protectrices. La nourriture, tout comme les conversations, nourrit autant l’âme que le corps.
L’après-midi est consacrée à l’apprentissage des pratiques agricoles traditionnelles. Sous la houlette des habitants, nous apprenons à manier la chaquitaclla, cet outil qui permet de creuser la terre sans la retourner, préservant ainsi sa fertilité. Cette pratique, héritée des incas, est un témoignage de la durabilité et de l’adaptation de ces populations à des conditions climatiques souvent extrêmes.
De retour au campement, nous assistons à une démonstration de l’art textile local. Les femmes de la communauté nous montrent avec fierté leurs créations, des étoffes tissées à la main ornées de motifs représentant la faune locale et les légendes des montagnes. Le soir, autour d’un feu de camp, les histoires continuent. Rubén, un ancien de la communauté, nous conte l’histoire de Runachiriana, un homme mystique qui aurait été captivé par la beauté de ces montagnes et des sirènes invisibles qui habiteraient les lagunes.
Paru Paru n’est pas une simple destination, c’est une expérience de vie, une plongée dans un monde où la nature et la culture se rencontrent de manière intime. Ce voyage m’a permis de comprendre que le tourisme peut être bien plus qu’une simple visite : il peut être une rencontre, un apprentissage et une véritable reconnexion avec soi-même.
Je vous encourage, si vous en avez l’occasion, à vivre cette aventure. La communauté de Paru Paru vous accueille à bras ouverts, avec des traditions et des paysages qui vous marqueront à jamais. Que vous soyez amateur de randonnée, passionné par les cultures ancestrales, ou simplement en quête d’authenticité, ce voyage saura vous toucher profondément.
Comment y arriver ? : Paru Paru se trouve à environ 56 km de Cusco. Le trajet en voiture prend environ 1 heure.
À ne pas manquer : La visite de la lagune Quinsacocha, les démonstrations de tissage et la culture des papas nativas à Yankehuaico.
Quand partir ? : La meilleure période pour visiter Paru Paru est entre mai et octobre, pendant la saison sèche.